Historique
Les armistices, signés à Rethondes et à Rome, autorisent la France à conserver une armée de 100 000 hommes, appelée communément Armée d’Armistice. Le général Huntziger, ministre de la guerre restructure les unités pour répondre aux exigences germano-italiennes. Huit divisions militaires sont créées dans la zone libre. Chaque DM dispose de trois régiments d’infanterie ou demi-brigade de chasseurs, un régiment d’artillerie, un régiment de cavalerie, un bataillon du génie, un groupe de transmissions et une compagnie de transport.
Il est décidé de conserver les unités qui ont un glorieux passé, gage d’un solide esprit de corps et un régiment stationné avant-guerre dans chacune des grandes provinces françaises. Les unités à fourragère rouge, jaune et verte sont en priorité maintenues.
Les Allemands exigent que ces unités ne soient pas motorisées et ne disposent pas d’armement lourd. C’est une armée qui possède surtout les moyens de mener un combat de guérilla en région montagneuse ou boisée. Les garnisons dessinées à travers la zone libre, permettent un éclatement dans la nature, en cas d’invasion ennemie. 9a facilite la dissimulation d’armes et de munitions aux yeux des contrôleurs de la commission d’armistice.
L’abaissement de la limite d’age des cadres permet un rajeunissement de l’encadrement et donc du style de commandement. Pour souder cette « armée nouvelle », les cérémonies, défilées, compétitions et exercices sur le terrains sont accentués. Des manœuvres interarmes ont lieu régulièrement sur les grands camps de la zone libre. Après des débuts difficiles, l’esprit prend corps et dés l’hiver 1942, la plupart des unités sont aptes à faire campagne, se préparant dans les cœurs et dans les muscles à la revanche.
Les régiments d’infanterie alpine
Le 43e RIA
Le régiment départemental des Bouches-du-Rhône, formé avec des éléments des 58e et 61e DBAF (du SFAM), doit porter le numéro 141. Mais pour conserver la tradition de la province de Flandre, il prend le numéro 43, ancien régiment de Lille. Il est basé à Marseille et Tarascon, avec une compagnie détachée au camp de Carpiagne, dépendant de la 15e DM. Il est de type montagne et comporte à ce titre une SES basée au Mont Serein, prés du Mont Ventoux.
Le 153e RIA
Le régiment départemental du Rhône, formé avec des éléments des 299e RIA et 93e BCA, prend le numéro 153, ancien régiment de Lorraine. Il appartient à la 14e DM, et tient garnison à Lyon. Il détache ses trois SES dans le massif du vercors.
Le 159e RIA
Le régiment de l’Isère et le bataillon départemental des Hautes-Alpes sont formés avec des éléments de la 45e DBCA et de la 64e DI. Le 159e RIA abandonne sa garnison de Briançon, située en zone démilitarisée, pour Grenoble et Gap. Ses trois SES stationnent dans les massifs des Belledonne et le Dévoluy.
Le 173e bataillon autonome de Corse
Le bataillon de la Corse est formé avec des éléments d’active des 363e DBI, 373e RIA et 150e RRP présents en Corse. Il prend le numéro d’active du régiment stationné dans l’île jusqu’en 1939. Il est du type montagne, stationné à Bastia et appartenant à la 15e DM.
Les bataillons de chasseurs alpins
Quatre demi-brigades de chasseurs, dont deux d’alpins, sont mises sur pied.
La 2e DBCA
Cette demi-brigade a pour province de tradition le Comté de Nice et dépend de la 15e DM. Sont PC est à Hyères. Elle est dirigée par les colonels sauvageon, Mercier de Sainte-croix et Humbert.
20e BCA
Il est reconstitué à Antibes en août 1940 sous le numéro 18, avec des éléments issus de la 40e DBAF et du 100 BCA. Il cantonne à grasse puis à Fayence avant de s’installer définitivement fin octobre 1940 à Dignes. Une compagnie est détachée à Sisteron et Menzel puis à Lantosque. Sa SES est à Authon.
24e BCA
Ce bataillon est reconstitué en août 1940 à Villefranche-sur-mer. Après un séjour à Fréjus, il s’installe en décembre 1940 à Hyères. Sa SS stationne sur la montagne de lure.
25e BCA
Il est reconstitué en août 1940 à Nice avec des éléments du SFAM venant des 75e et 85e BAF. Il cantonne à Agay avant se s’installer à Hyères en octobre 1940.
La 3e DBCA
Cette demi-brigade à son PC à Chambéry, dépendant de la 14e DM. Ses provinces de tradition sont la Savoie et le Dauphiné.
6e BCA
Fin août 1940, ce bataillon de retour de Norvège, via le Maroc, retrouve sa garnison de grenoble. Il est complété avec des éléments des 12e et 14e BCA. Sa SES cantonne à Gresse-en-Vercors. En mai et septembre 1941, ce bataillon assure la garde du Maréchal Pétain.
13e BCA
Il est reconstitué à Chambéry avec des rescapés des 7e et 13e BCA et des éléments de l’Armée des Alpes, notamment le 81e BAF. Une compagnie est détachée au camp de Saint-Pierre-d’Albigny. Sa SES stationne au chalet de l’Aurore à la Féclaz.
27e BCA
Le bataillon est reconstitué dans sa garnison d’Annecy avec des rescapés de la 25e DBCA, du 67e BCA et des SES restées dans les Alpes. Une section cantonne à Chevrier, sur la ligne de démarcation. La SES cantonne au Semnoz.
Le 33e bataillon de marche de chasseurs
Ce bataillon est créé le 1e juillet 1941 au camp de la Valbonne pour partir au Levant. Son personnel est prélevé sur les quatre demi-brigades de chasseurs et le 159e RIA. Son embarquement est prévu le 5 juillet mais l’évolution de la situation en Syrie annule ce départ. L’unité est dissoute le 15 juillet et les personnels rejoignent leur corps d’origine. Le 33e BMC n’a duré que quinze jours, néanmoins il possède un insigne et un fanion.
Les compagnies de gardiennage d’ouvrages
Ces compagnies sont créées avec l’aval des commissions d’armistice pour assurer la garde des ouvrages fortifiés des Alpes après l’évacuation par l’armée française de la zone démilitarisée de 50 kilomètres le long de la frontière.
Les UG de Savoie et du Dauphiné
Créées le 1er septembre 1940, elles se composent en de petits détachements autonomes de deux ou trois officiers, de trois ou quatre sous-officiers et de quinze à vingt-cinq hommes appartenant à l’infanterie, au génie ou à l’artillerie. Elles sont dissoutes le 1er mars 1941, mais des détachements de la 14e DM continueront une surveillance discrète des ouvrages.
Les UG des Alpes-maritimes
Créées le 2 juillet 1940 à Nice, le groupement des UG des Alpes-Maritimes comprend quatre sous-groupements.
- Le sous–groupement de gardiennage A (infanterie) comprend deux bataillons. Le « bataillon de gardiennage » (74e BAF reconstitué) compte cinq compagnies (puis unités) de gardiennage issues des trois DBAF du SFAM. Chaque unité comprend un groupe de commandement et quatre sections, soit un officier, 144 sous-officiers et hommes de troupe. Le second bataillon est le « bataillon d’infanterie de garnison et de police » (75e BAF reconstitué) qui compte quatre compagnies. 1ere et 3e compagnies à Grasse, 2e et 4e compagnies à Nice.
- Le sous-groupement de gardiennage B (artillerie) comporte deux batteries issues du II/158e RAP.
- Le sous-groupement de gardiennage C (génie) est issu de la compagnie du génie 215/2.
- Le sous-groupement D (transmissions) est issu de la compagnie télégraphiste 215/81.
Le 1e janvier, chaque sous-groupement devient un groupe d’unités de gardiennage de la 15e RM. Ils sont dissous en mars 1941.
Les bataillons du génie alpin
Chaque division militaire de la zone non occupée compte à partir de septembre 1940 un bataillon du génie qui garde la tradition de sa province de stationnement avant 1939.
Le 4e bataillon du génie est attribué à la 14e DM, en garnison à Grenoble, avec comme région de tradition le Dauphiné. Il est créé le 1er août 1940 par le dépôt du 4e génie de Grenoble.
Le 7e bataillon du génie est attribué à la 15e DM, en garnison à Avignon, avec comme province de tradition le Comtat-Venaissin. Il est mis sur pied par le dépôt du 7e génie d’Avignon.
Le 1er juin 1942, est créée l’arme des transmissions qui dépendait auparavant du génie. A cette date, chaque compagnie devient un groupe de transmissions affecté à chacune des huit divisions militaires. Les compagnies portent le numérateur 8, rappel du premier régiment de sapeurs-télégraphistes créé en 1913. Le dénominateur est celui de la division militaire. En juin 1942, les groupes gardent le numéro de leur division militaire d’affectation.
La CT 8/14, puis GT 14, de la 14e DM stationne à Grenoble.
La CT 8/15, puis GT 15, de la 15e DM stationne à Avignon.
La CT 8/16, puis GT 16, de la 16e DM stationne à Montpellier.
L’artillerie de montagne
Le 2e régiment d’artillerie de montagne (RAM) est reconstitué le 1er septembre 1940 à Grenoble pour deux groupes et à Lyon pour un groupe hippomobile. Les écoles de feu se déroulent à Chambarand. Il possède un poste d’été et un poste d’hiver. Le régiment met sur pied une SES, cantonnant à Chamrousse, qui participe aux différents concours de ski.
Le 10e RAC de Nîmes possède également un groupe de montagne stationné à Draguignan.